
Quelle reconstruction mammaire choisir après une mastectomie ?
La reconstruction mammaire est une possibilité offerte aux femmes après une tumorectomie ou une mastectomie. Certaines choisissent de reconstruire leur poitrine, d’autres non. Chaque décision est légitime, intime, et surtout personnelle. Aujourd’hui, plusieurs options existent : implant, lambeau, injection de graisse… Chaque méthode a ses spécificités, ses avantages et ses contraintes.
Le choix se construit en lien avec le chirurgien plasticien, qui prend le temps d’expliquer ce que chaque technique implique : durée d’hospitalisation, cicatrisation, rendu esthétique, confort au quotidien… Dans cet article, découvrez les 3 principales méthodes de reconstruction mammaire après un cancer. Pour mieux comprendre, mieux anticiper… et notamment, décider librement. À votre rythme, sans pression, et sans chichi.
Opération du sein, enlever une partie ou la totalité ?
Dans approximativement 70 % des cas de cancer du sein, une chirurgie conservatrice est proposée. Elle consiste à retirer uniquement la tumeur (tumorectomie) ou une portion plus importante de la glande mammaire si les lésions sont plus étendues (quadrantectomie). Ce type d’intervention permet de préserver un volume mammaire proche de la normale.
Lorsque la tumeur est trop volumineuse ou diffuse, une ablation complète du sein, appelée mastectomie ou mammectomie, peut être nécessaire. En France, on compte environ 20 000 mastectomies chaque année.
Enfin, en présence de prédispositions génétiques ou d’antécédents familiaux importants, une mastectomie préventive (aussi appelée prophylactique), peut être envisagée. Il s’agit d’une ablation chirurgicale d’un ou des deux seins chez une femme qui ne présente pas de cancer, mais dont le risque de développer la maladie est particulièrement élevé.
C’est le cas, par exemple, des femmes porteuses des mutations génétiques BRCA1, BRCA2 ou PALB2, ou ayant des antécédents familiaux lourds. Bien qu’elle n’élimine pas totalement le risque, cette intervention permet de le réduire de 85 à 95 %.
⤷ Bon à savoir : une femme déjà atteinte d’un cancer sur un sein choisit, en concertation avec son équipe médicale, de faire retirer le sein opposé de manière préventive, afin de réduire considérablement les risques d’un second cancer.
Reconstruire ou non après une ablation du sein : quelles sont les options possibles ?
Après une mastectomie, environ 20 à 30 % des femmes choisissent de reconstruire le volume de leur sein. Cette reconstruction peut se faire dans le même temps opératoire que l’ablation du sein : on parle alors de reconstruction immédiate.
Mais dans bien des cas, il est nécessaire de patienter. La chirurgie est alors différée, le temps de terminer les traitements comme la chimiothérapie ou la radiothérapie. On parle dans ce cas de reconstruction secondaire, qui peut avoir lieu plusieurs mois, voire plusieurs années après l’intervention initiale.
En France, sur les 22 000 femmes concernées chaque année par une mastectomie, 70 % décident aussi de garder leur buste tel quel. Il est important de rappeler que la reconstruction mammaire après un cancer, n’est pas un passage obligé. Elle ne fait pas partie du traitement en lui-même, et de nombreuses femmes choisissent de ne pas y avoir recours. Quelle que soit la décision, l’essentiel est qu’elle vous ressemble. Parce qu’il n’y a pas une seule bonne réponse, mais des parcours singuliers, tous aussi forts, tous aussi valables.
⤷ Info solidaire : pour celles qui ne souhaitent pas (ou pas encore) de reconstruction chirurgicale, il existe aussi des alternatives temporaires et réconfortantes. Des bénévoles tricotent à la main de jolies prothèses mammaires en coton, douces, légères et lavables. Découvrez la page Facebook de Knitted Knockers France, un projet 100 % bienveillant et gratuit.
Méthode N°1 - La reconstruction mammaire par prothèse
Après une mastectomie, certaines femmes choisissent la pose d’implants mammaires internes pour reconstruire leur poitrine. Ces prothèses, insérées sous la peau et les muscles du thorax, sont généralement composées de gel de silicone ou de solution saline. Le choix du type d’implant dépend de plusieurs éléments.
- l’âge ;
- l’état de santé général ;
- la morphologie de la patiente ;
- et ses préférences personnelles.
Dans certains cas, une étape préalable est nécessaire : on place d’abord une prothèse dite « d’expansion », qui va progressivement étirer la peau et les tissus pour préparer l’accueil d’un implant définitif.
Méthode N°2 - La chirurgie reconstructrice du sein par lambeau de grand dorsal
Cette technique s’adresse principalement aux femmes dont la peau de la poitrine est trop tendue ou peu élastique pour accueillir un implant. Elle convient aussi à celles qui préfèrent éviter les prothèses et souhaitent une reconstruction à partir de leurs propres tissus. On parle alors de reconstruction autologue.
Le principe est simple : une portion de peau, de graisse et de muscle est prélevée dans le dos (au niveau du muscle grand dorsal), puis déplacée vers la poitrine pour redessiner le galbe du sein. L’intervention dure entre 2 et 4 heures et nécessite en général une hospitalisation de 4 à 6 jours. Cette méthode offre un résultat naturel et stable dans le temps, tout en respectant la silhouette de la patiente.
Méthode N°3 - La restitution mammaire par injection de graisse
Aussi appelée lipofilling ou lipomodelage, cette opération consiste à prélever de la graisse sur certaines zones du corps. L’extraction se fait au niveau du ventre, des cuisses, des hanches ou des genoux, puis la graisse est réinjectée dans les seins. Dans le cadre d’une reconstruction après un traitement conservateur, cette technique présente l’avantage de pouvoir être réalisée en ambulatoire, sans hospitalisation prolongée.
En revanche, lorsqu’elle fait suite à une mastectomie, une anesthésie générale est probablement nécessaire. La patiente repart avec un pansement, retiré dans les jours suivants. Le lipofilling peut demander plusieurs interventions successives, espacées d’au moins deux mois, afin d’ajuster le résultat et de corriger d’éventuelles irrégularités.
⤷ Entre nous : touchée par la maladie, j’avais moi aussi mille questions en tête à l’époque. Aujourd’hui, j’accompagne d’autres femmes à y voir plus clair. Mon histoire ici. Stéphanie.
Méthode N°4 - La chirurgie mammaire réparatrice par DIEP
La technique DIEP est une alternative à l’implant pour les patientes qui ne souhaitent pas ou ne peuvent pas opter pour une prothèse. Elle consiste à transférer de la peau et de la graisse provenant du bas-ventre, accompagnées de leurs vaisseaux sanguins, qui sont ensuite reliés au sein par une microchirurgie afin de recréer une poitrine naturelle.
Cette opération, qui dure majoritairement entre 4 et 7 heures, requiert une hospitalisation de 5 à 7 jours. Pour les femmes dont les tissus abdominaux sont insuffisants, d’autres options existent. Le lambeau PAP, utilise la zone sous la partie inférieure des fesses ou le lambeau TUG, prélève des tissus sur la face interne des cuisses.
⤷ Petit conseil sans chichi : prenez le temps de choisir une clinique et un·e chirurgien·ne en qui vous avez confiance. N’hésitez pas à poser des questions, à écouter votre ressenti, et à faire appel au bouche-à-oreille. Les retours d’autres femmes peuvent vraiment faire la différence.
Et après ? La reconstruction du mamelon et de l’aréole
Cette étape vise à restaurer l’apparence naturelle du sein, aussi proche que possible de celle avant la mastectomie. Le modelage du bout du sein et le tatouage aréolaire réparateur sont deux interventions distinctes, réalisées plusieurs mois après la reconstruction mammaire.
Une fois que la forme du sein s’est stabilisée, généralement après environ trois mois, on peut commencer à y penser. Pour le mamelon, le chirurgien peut utiliser diverses techniques aux résultats variables :
- greffer une moitié de mamelon ;
- prélever un fragment de la petite lèvre vaginale ;
- détacher une partie du lobe de l’oreille ;
- utiliser une partie de la pulpe d’un orteil ;
- façonner un volume en retournant un lambeau local de peau du sein.
La reconstruction de l’aréole peut être réalisée par tatouage médical, en trompe-l’œil. Ce geste, effectué après deux ans de cicatrisation, permet de redonner une apparence naturelle à la poitrine et d’aider la patiente à se réapproprier son corps. Bonne nouvelle : ce tatouage réparateur est pris en charge par l’Assurance Maladie, à condition qu’il soit effectué par un professionnel de santé formé à cette technique.
⤷ Info à savoir : le mamelon reconstruit ne retrouvera ni sa sensibilité ni sa capacité à devenir érectile.
En résumé
La reconstruction mammaire après un cancer ne vise pas seulement à réparer un corps. Elle permet aussi, souvent, de recoller des morceaux d’estime et d’identité. Retrouver son image, c’est aussi un chemin intérieur.
Méthode N°1 : la reconstruction mammaire par prothèse ;
Méthode N°2 : la chirurgie reconstructrice du sein par lambeau du grand dorsal ;
Méthode N°3 : la restitution mammaire par injection de graisse ;
Méthode N°4 : la chirurgie mammaire réparatrice par DIEP.
Pour aller plus loin, venez découvrir le témoignage poignant de notre cliente Ornella qui adore son Pas d'Chichi.
Alice et Stéphanie
Les Pas d’Chichi